Les patients atteints d'ataxie télangiectasie sont particulièrement à risque de pneumopathie:
- en cas de déficit immunitaire,
- à cause des possibles fausses routes
Les pneumopathies sont pour elles une réelle préoccupation et leur évolution, souvent rapide, un vrai danger.
Signes et vigilance
Les signes de ces infections sont très variables et parfois insidieux. Par exemple, des agents infectieux habituellement présents de manière inoffensive dans l'organisme de la majorité des gens trouveront un terrain favorable à leur développement chez des patients immuno-déficients. On parle d'infection opportuniste. Ex: CMV (CytoMégaloVirus), champignons...
C'est pourquoi il ne faut jamais prendre à la légère chez un enfant AT:
- Une fièvre, même faible
- Une toux, sèche ou grasse
- Des sécrétions vertes
- Une douleur thoracique
- Des difficultés pour respirer ou même une augmentation de la fréquence respiratoire. Des appareils portables existent et permettent de mesurer facilement, à l'aide d'une pince sur un doigt, le taux d'oxygène dans le sang d'un malade: des oxymètres. Ces appareils sont disponibles dans le commerce et sur Internet.
Le médecin de l'urgence
Le pneumologue intervient généralement lorsque l'infection est déjà avancée, soit que le déficit immunitaire n'a pas encore été détecté et l'ataxie télangiectasie non plus, soit que l'agent pathogène est passé au travers des mailles du filet tendu par l'immunologue dont on a vu qu'il ne pouvait pas être parfait. Il est d'ailleurs essentiel qu'une collaboration efficace s'instaure entre ces deux médecins pour que le pneumologue puisse traiter le plus efficacement possible l'infection.
Diagnostic
La radiographie thoracique est souvent le moyen utilisé par les pneumologues pour faire le diagnostic.
Or, dans le cas de l'Ataxie Télangiectasie, les rayonnements sont à éviter le plus possible (cf le chapitre rayonnements). Cette information donnée au médecin et au radiologue doit suffire pour établir le meilleur compromis: impact du rayonnement / urgence et pertinence du diagnostic.
D'autres moyens d'investigation existent mais ne sont pas toujours indiqués car plus invasifs et, pour certains, pouvant créer d'autres passages potentiels pour les agents pathogènes:
- le lavage broncho-alvéolaire
- la ponction transthoracique (par le thorax)
- la biopsie pulmonaire chirurgicale
- et d'autres techniques tous les jours en progrès.
Traitements
L'agent infectieux n'étant pas initialement connu, le pneumologue va prescrire en premier lieu un antibiotique à spectre large, ou une combinaison d'anti-infectieux, destinée à couvrir un éventail des agents pathogènes les plus fréquents.
Le choix d'un traitement plus ciblé ne pourra se faire qu'après les résultats d'analyses et de mise en culture des prélèvements respiratoires, ce qui peut prendre plusieurs jours.
Lors d'infections pulmonaires, les alvéoles pulmonaires étant partiellement bouchés, l'échange d'oxygène avec le sang se fait moins bien et le taux d'oxygène dans le sang est bas. Pour remédier à cela, il est apporté un complément d'oxygène et parfois une asssitance à la ventilation, soit avec un masque, soit dans certains cas par intubation.
Mais l'idéal reste tout de même d'évacuer toutes les sécrétions de l'appareil respiratoire et pour cela, la kinésithérapie respiratoire a un rôle important. Les fluidifiants (N-actetyl-cystéine) peuvent parfois aider au drainage bronchique.
Enfin, quelques actions à la portée plus limitée mais très utiles peuvent être menées :
- Utiliser du sérum physiologique pour nettoyer le nez.
- La prise de boissons chaudes participe également au drainage nasal.
- Humidifier la pièce. Dans le cas de l'utilisation d'un appareil électrique, s'assurer de sa propreté.
- Changer les draps très régulièrement
Bilan pneumologique
La récupération de la pleine capacité de l'appareil respiratoire est longue et souvent incomplète en fonction des séquelles de la pneumopathie. Afin de pouvoir la quantifier, il existe un certain nombre de tests : les épreuves fonctionnelles respiratoires ou EFR. Elles visent à vérifier la capacité pulmonaire et la qualité des échanges d'oxygène de l'air vers le sang. Ces examens ne sont absolument pas douloureux et se pratiquent généralement en une heure.
Prévention
La prévention prescrite par l'immunologue qui vise à éviter une infection potentielle n'est malheureusement pas parfaite.
Excepté pour les enfants recevant des perfusions d'immunoglobulines, la vaccination contre la grippe saisonnière et contre les infections à pneumocoques (type Prevenar) apporte un grand bénéfice mais ne saurait couvrir l'ensemble des causes d'infections pulmonaires possibles.
Par conséquent, faire de la prévention contre les risques d'infection pulmonaire consiste aussi à diminuer au maximum le risque d'exposition des enfants AT aux différents agents pathogènes, à diminuer les chances que ceux-ci atteignent leur organisme. Pour cela, quelques précautions peuvent suffire:
Tout d'abord être vigilant: bien sûr être attentif aux signes décrits plus haut, mais aussi à l'environnement des enfants souffrant d'AT. Demandez à être renseigné sur les enfants malades en classe, en crèche ou dans les aires de jeu et faire en sorte qu'ils évitent leur contact.
Respecter les règles élémentaires d'hygiène, notamment lorsqu'il y a une infection dans l'entourage :
- se laver les mains souvent (la contamination se faisant souvent des mains vers le nez ou la bouche)
- se moucher dans un mouchoir en papier jetable et le jeter
- se couvrir la bouche quand on éternue et se laver aussitôt les mains
- éventuellement, pour l'entourage malade, porter un masque
- cracher les sécrétions
- dégager le nez en se mouchant ou en le lavant souvent avec du sérum physiologique. En effet, les sécrétions sont en fait du mucus qui a emprisonné l'agent pathogène: il faut l'évacuer.
Diminuer les polluants
- Si possible, choisir un lieu de résidence peu pollué: par exemple, les sanatoriums qui soignaient la tuberculose étaient situés en attitude
- Aérer souvent ou bien étudier le système de ventilation de son domicile : il est maintenant reconnu que dans la plupart des cas, y compris en ville, l'intérieur d'un logement peu aéré est beaucoup plus pollué que l'extérieur
- Bien choisir les matériaux d'aménagement intérieur: même si les normes évoluent, beaucoup de matériaux de construction et de décoration utilisent encore des produits chimiques très nocifs. Faites particulièrement attention aux laines minérales, aux poussières de ponçage, aux colles, aux vernis et à la peinture. À l'inverse, certains fabricants proposent des matériaux, des peintures notamment, dépolluants voire antiviraux
- Faire la chasse aux poussières : préférer le carrelage ou le parquet à la moquette, ne pas multiplier les peluches, les tapis, les recoins...
- Entretenir la capacité respiratoire par de la kinésithérapie, des jeux et des activités sportives